Reconnaissable à leur macaron bleu et rouge, à leur gastronomie familiale faite de cuisine au beurre, d’assiettes débordant de charcuterie et de crudités, le tout pour moins de 14 euros, ces restaurants de bord de route attirent une clientèle nouvelle.
On a quitté Le Puy-en-Velay depuis une vingtaine de minutes, traversant par la D15 des villages auvergnats plus ou moins inanimés. Dans la commune de Champclause, en Haute-Loire, amarrée à la départementale, apparaît une longue bâtisse aux murs de pierre : l’Auberge du Meygal, qui affiche fièrement le macaron bleu et rouge des relais routiers.
Le parking rempli contraste avec les rues désertes alentour. A l’intérieur, une cinquantaine de clients s’égaient dans deux salles au charme désuet. Tommettes, poutres apparentes, bouquets de fleurs artificielles ornant un vieux vaisselier, cheminée décorée de statuettes d’écureuils et d’une affichette « Sœur Emmanuelle s’occupait des pauvres, frère Emmanuel s’occupe des riches ».
La patronne, Murielle Chapuis, faussement bourrue, se révèle affable en vantant son saucisson « garanti sans conservateurs » et en donnant la recette de sa jambonnette, une farce enveloppée et cousue dans de la couenne. Le premier menu comprenant entrée, plat (« un carré de porc de chez nous, nourri aux céréales »), fromage et dessert est proposé au tarif ultracompétitif de 14 euros. Assise à la table voisine, une mamie confie qu’elle vient ici « depuis au moins vingt ans ». En partant, elle lance à la cantonade « Au revoir messieurs dames ! », comme la plupart des autres clients d’ailleurs.
Entrer dans un relais routier, c’est un peu plus qu’aller au restaurant. C’est souvent s’offrir un voyage dans le temps, dans la France des nappes à carreaux et des Tontons flingueurs. C’est aussi être cueilli par la cordialité du personnel et les poignées de main spontanées des patrons. C’est enfin redécouvrir une gastronomie familiale : cuisine au beurre, assiettes débordant de charcuterie et de crudités.
Métamorphose
L’histoire de la chaîne commence en 1934. François de Saulieu, fils rebelle de la vieille noblesse du Nivernais, réalise un reportage sur les conducteurs de camions. Il est frappé par leur solitude, la dureté de leur métier (déjà) et crée, pour les fédérer, un journal (Les Routiers), puis le célèbre label de restaurants regroupant à l’origine près de 2 000 établissements.
« Aujourd’hui, on en compte environ 500, révèle Laurent de Saulieu, petit-fils du fondateur, actuellement aux commandes. L’arrivée des autoroutes a fait beaucoup de mal aux restos sur les nationales, et maintenant les municipalités multiplient les arrêtés pour empêcher les camions de traverser les villes. Les chauffeurs sont considérés comme des esclaves juste bons à rouler, on ne veut même plus les laisser pisser ! »
Le Guide des Relais routiers, ainsi qu’une application gratuite, permettent de se repérer. Des « casseroles », équivalent tambouille des étoiles Michelin, distinguent les meilleures adresses. Chaque restau...
Lire la suite de l'article sur le site de Le Monde en cliquant sur ce lien